- Anaïs Thuau
Le récit de naissance
Dernière mise à jour : 25 mai 2022
Je vous partage ici un texte de Geneviève Wendling à propos du vécu de l'accouchement. Je l'ai découvert dans la salle d'attente de ma sage-femme. Un petit cadre dans un coin de mur perdu au milieu de posters informatifs, de flyers de cours de pilates et des millions de faire-parts. Je l'ai lu alors que je venais de donner naissance à mon premier petit garçon quelques semaines plus tôt et j'y ai trouvé du réconfort.
"La tempête finie" retranscrit à merveille ce que j'ai ressenti lors de ce voyage fou et initiatique qu'est la mise au monde. C'est un texte qui raconte la naissance d'un enfant mais aussi et surtout la rencontre de la femme avec elle-même. C'est son histoire à elle. L'histoire de son émergence en tant que mère. Identique mais plus vraiment la même.

"Pour accoucher, Il y a des tas de trucs à apprendre. Il y a même des leçons d'accouchement. Des leçons !... Vous inspirez, vous arrêtez de respirer, vous comptez "un, deux..." Vous respirez la bouche ouverte, fermée, un, deux, trois... ». Tout cela est bien abstrait pour qui n'a jamais enfanté. Comme si l'on vous donnait la formule chimique d'un produit, mais pas son goût. Comment cela peut-il aider, à comprendre ?

Accoucher a goût de mer et de tempête. Comme le bateau prêt à affronter
l'aventure du vent, le corps doit être « en ordre », attentif aux impulsions centrales, et l'esprit en éveil comme un barreur qui prend son quart. Car les contractions viennent en vagues. Il y en a de toutes sortes, des courtes, des longues... As-tu oublié ? Tu lofes pour monter à la lame, tu gardes la barre droite au sommet, puis tu abats en dévalant le creux... Et voilà que ton corps, attentif aux mouvements qui l'emportent et le heurtent, fait instinctivement, et mieux, ce que l'on apprend dans les livres : Inspirer, retenir son souffle, expirer.
Mais la mer devient hachée. Les vagues sont de plus en plus hautes et rapprochées. Parfois, on en rate une et on en prend plein la gueule : le bateau va-t-il tenir ? Économisons nos forces.
Et soudain, c'est une énorme lame qui arrive du fond de toi et qui t'emporte avec une violence inouïe. Le bateau submergé part à toute vitesse dans un bruit d'écume assourdissant. Le sentiment que c'est la fin.

Quel silence alors! Non, tu n'as pas sombré... Paix totale. Comme il est merveilleux de sentir son corps.
... Et puis là, cette petite larve toute recroquevillée qui geint. C'est donc ça l'enfant que j'attends depuis neuf mois | Fille, garçon, cette petite oreille, cette grande bouche. Il va falloir que je fasse de l'ordre dans ma tête...
En attendant, viens petit inconnu sorti des eaux, viens que je te berce contre mon sein pour que tu aies chaud. La tempête est finie. dors doucement, dormons."
A travers ce texte, Geneviève Wendling, dépose son récit de naissance. Les femmes, les couples aiment à raconter ce moment incroyable de l'accouchement. S'il participe amplement au travail de transmission, le récit de naissance vient également s'inscrire comme un rite de passage : celui d'un état à un autre pour se reconnaitre à soi-même.
Mais y a-t-il quelqu'un pour écouter ces récits? Les écouter vraiment.
C'est une écoute entière, neutre et bienveillante que la Doula propose lors de ses accompagnements. Elle offre un espace de parole dans un cadre de confiance. Chacun peut alors exprimer son ressenti et ainsi revivre les événements à l'intérieur de soi afin de se les approprier. Être entendu, c'est se sentir validé dans son expérience et ainsi accueillir pleinement ce qui surgit, après avoir traversé la tempête.